Dîner de con.

Un apéritif pour commencer ?

Messieurs, dames, avez vous fait votre choix ?

Qu'en est-il de votre chat Albert ?

Un digestif pour finir ? 

Toutes ces questions méritent un éclaircissement des plus prompts. Mais, je le ferais plus tard.

Et voilà. C'est inquiétant. Je veux dire, cette façon quasiment frénétique, que j'ai de toujours repousser ce que j'ai à faire pour plus tard. C'est maladif, compulsif, et autres rimes folles en -if. Toutefois, si l'on considère la rédaction de cet article comme un prétexte pour remettre encore et encore mon travail à plus tard, on peut dire que je suis une grosse feignasse. J'allais dire que cet article était un exemple concret mais je vais m'en abstenir. Oui, ce serait faux grammaticalement. Tout comme de dire " je m'excuse ", on ne peut pas decemment s'excuser soi-même.

Passez moi le sel je vous prie, je me sens mal.

Non mais je comprends pas. J'ai l'impression qu'il y a une fuite quelque part, des choses -importantes- m'échappent et c'est rigolo comme je m'en rend compte et comme je ne fais rien. La réalité est vraiment affreuse sous tous ses angles les plus inattendus, elle taillade sans relâche chaque parcelle d'espérance que l'ont peut avoir. C'est en fait plutôt désagréable de s'y promener, néanmoins, ce n'est pas nouveau. Mais, me direz-vous, comment peut-on tenir un discours aussi cynique quand la réalité elle-même, en vérité, ne s'y prête guère ? Par là, j'entends que la réalité dans laquelle j'évolue est pleine de bisounours en tutu rose qui gambadent dans des près verdoyants. 

Je sais pas, c'était un doux moment d'éloquence, vous n'avez pas apprécié ? Moi oui, beaucoup. Parler dans le vide, en vain, c'est une de mes spécialités.

A table.

Le moulin de la Galette - A.Renoir